Palm Jumeirah, une île artificielle en forme de palme doublée d’une «gated community» (ensemble de résidences privées), est mondialement célèbre, au point d’être devenue le symbole de Dubaï : luxe, démesure, audace technique et une bonne dose de marketing. C’est aussi le fleuron de Nakheel, l’un des deux géants immobiliers de l’émirat. Confié dès sa fondation à un intime de l’émir, Nakheel résume la grandeur et la décadence de Dubaï, en proie à une quasi-banqueroute depuis la fin 2009. C’est la folie des grandeurs de Nakheel qui a creusé la dette de Dubai World, l’un des deux grands holdings de l’émirat fondé par le cheikh Mohamed ben Rached al-Maktoum en personne. Nakheel était un trompe-l’œil, et les habitants - enviés - de la palme le découvrent jour après jour.
Néjib Zbiri, 46 ans, belle gueule, dents longues et carrure de rugbyman amateur, décide de quitter l’Europe à la fin des années 90. Deux choses lui font horreur : les impôts et le racisme latent, qui limite son envie d’ascension sociale. L’ingénieur en informatique de la région nantaise, reconverti dans les affaires, cherche un endroit où pratiquer l’islam sans être regardé de travers et en vivant à l’occidentale. Comme beaucoup de cadres français d’origine arabe, il choisit Dubaï, où il débarque en 2000, à temps pour assister au décollage de la fusée. En 2003, quand le projet de Palm Jumeirah est ouvert à la vente publique, Néjib Zbiri est parmi les premiers à verser des arrhes. «C’était une bonne affaire, se souvient-il. Pour lancer la machine, Nakheel avait calibré ses prix trop bas.» Pour la première fois, un pays du Golfe permettait à des étrangers d’acquérir du foncier. Et promettait en sus un visa de résidence aux acquéreurs. La villa de Néjib Zbiri lui a coûté 2,5 millions de dirhams (environ 500 000 euros). Une bonne affaire par rapport à ceux qui ont acheté au plus fort de la spéculation immobilière, fin 2007-début 2008. «A l’époque, une villa comme la mienne se négociait à 18 millions [3,6 millions d’euros, ndlr]», calcule-t-il. Parfois, il se demande s’il n’aurait pas dû vendre à ce moment-là…
«Tout est chinois là-dedans»
Pour rentrer dans ses frais, le promoteur s’est rattrapé sur les finitions. «Tout est chinois là-dedans, s’emporte Zbiri. L’électricité, la plomberie, le carrelage… Vu le standing, c’est cheap.» La plupart des propriétaires ont dû refaire l’électricité. Moins de deux ans après avoir emménagé, ils en sont à remplacer les carreaux de la piscine. Autre source d’économies du promoteur : les espaces verts. Par rapport aux maquettes exposées dans le showroom de Nakheel, les villas sont collées les unes aux autres. «Ils ont supprimé tous les espaces verts», s’énerve l’homme d’affaires français, qui goûte assez peu les fiestas données par son voisin britannique récemment divorcé. Heureusement, la rue compte aussi des «gens très bien» : le directeur des Postes, un Emirati marié à une fille Habtoor - l’une des plus grandes fortunes immobilières locales -, un manager libanais, un homme d’affaires allemand. Une réserve pour happy few où chacun serait jeune, riche et bronzé, quelles que soient ses origines ou ses croyances : magnats russes, banquiers occidentaux, héritiers du Golfe, fortunes d’Asie… «On est entre nous, ça se passe très bien», confirme une habitante, une consultante anglaise qui travaille à domicile. Mais plus bas, sur la «branche» de la palme, les immeubles sont aussi serrés et disgracieux que dans la banlieue de Pékin. Pourtant, il suffit d’observer les balcons pour deviner un taux d’occupation inférieur à 10%, malgré la baisse des prix, qui attire de nouveaux propriétaires, moins fortunés. Résultat : le centre commercial destiné aux dizaines de milliers d’habitants attendus est resté à l’état de terrain vague, masqué par des palissades. Et deux branches de la palme n’ont pas été construites, tant le marché s’est retourné.
Depuis peu, un nouveau hic énerve Néjib Zbiri. En hiver, l’Atlantis, le gigantesque hôtel de 1 500 chambres situé au bout de la palme, organise de grandes fêtes techno sur ses plages. «Avec le vent et la mer qui font écho, le bruit est presque pire ici que chez eux. Certains soirs, le lit et les murs tremblent carrément.» Il est en discussion avec le directeur de l’établissement, mais si rien n’est fait, il est prêt, avec sa compagne, une avocate allemande, à aller au tribunal. L’Atlantis est la cerise sur la palme. Cet énorme hôtel rose bonbon ressemble au château de Barbie, une pièce montée avec un trou au milieu en forme de cœur inversé. Son inauguration, en novembre 2008, a donné lieu à un feu d’artifice, visible, paraît-il, depuis la lune - c’est l’échelle réglementaire à Dubaï. Vingt millions de dollars (14,8 millions d’euros), dit-on, craqués en pétards et fusées. «Ça a duré plus de deux heures, se souvient Zbiri. C’était comme la guerre, les enfants étaient terrifiés.» Le groupe sud-africain Kerzner, qui gère l’Atlantis, a construit bien plus de chambres que prévu et casse les prix pour rentabiliser son investissement. Résultat, l’autre grand hôtel qui devait ouvrir sur la palme, le Kempisky, a été mis en stand-by.
Après avoir vendu du rêve, Dubaï découvre les dures réalités du service après-vente. Ainsi, les heureux propriétaires d’une villa sur Palm Jumeirah doivent payer une redevance à Nakheel pour l’ensemble des services : entretien, ramassage des ordures, gardiennage, etc. Comme des charges de copropriété. «Le problème, c’est qu’on paye aussi une redevance à la municipalité, à peu près du même montant, pour les ordures, la voirie, la police, et qu’on ne sait pas du tout qui fait quoi», explique Zbiri. Ce dernier, en cherchant à faire assurer sa villa, a découvert qu’aucune compagnie n’acceptait de prendre en charge des habitations sur la palme. Il a aussi appris qu’il n’avait pas le droit de planter quoi que ce soit dans son jardin sans l’aval de Nakheel, à cause de la consommation d’eau induite. «On s’en fiche, désormais chacun fait ce qu’il veut dans son coin», assure un habitant. Pire, en décembre dernier, une étude scientifique révélait que la palme s’enfonçait d’un demi-centimètre par an. Panique chez le promoteur Nakheel, qui a aussitôt démenti, études à l’appui. A quoi bon ? Bien plus vite que sa palme, c’est Nakheel qui est en train de sombrer sous le poids des dettes et des litiges…
Le promoteur avait programmé deux autres palmes encore plus grandes. La première, après le port de Jebel Ali, reste à l’état de chantier. L’autre, à l’extrémité opposée de Dubaï, devait faire trois fois la taille de Jumeirah : elle ne verra pas le jour. Il y a aussi The World, un chapelet d’îles artificielles formant un planisphère. Rod Stewart aurait proposé 20 millions de dollars pour l’Angleterre. Là aussi, les îlots sont restés nus et, faute d’entretien, se désagrègent. L’ensemble devait être entouré de grandes îles modestement intitulées The Universe. Il y avait aussi, sur la terre ferme, Dubailand, un ensemble de parcs d’attraction qui devait faire six fois la taille de Disneyworld, ainsi que Waterfront, une marina que Nakheel voulait plus grande que Hongkong et qui était censée accueillir la plus haute tour du monde. La ville nouvelle devait être ceinturée par un canal de 80 km de long et desservie par un aéroport international en cours de construction. Pour fêter son association avec le magnat Donald Trump, Nakheel avait donné une fête mémorable sur Park Avenue, à New York.
Défaut de paiement
«Au pic de la folie immobilière, Nakheel annonçait un mégaprojet par mois», se souvient un consultant. Sans compter les autres géants : Emaar, Damac, Habtoor, Limiteless… Plus personne ne savait ce qui était commencé, fini, en construction, à l’état de dessin ou de simple idée. Peu importe, il fallait acheter avant qu’il n’y en ait plus. Les touristes repartaient avec un appartement acheté à crédit. «Ils se faisaient alpaguer par de jeunes agents immobiliers plein de bagout, installés dans des kiosques au milieu des shopping malls.» Il suffisait de verser 5% d’apport initial. Le rêve pour la classe moyenne supérieure indienne, pakistanaise ou iranienne, à la recherche d’un havre de paix en cas de problèmes au pays. Un endroit où s’amuser pour les ressortissants des rigoristes pays du Golfe. Une retraite au soleil, voire un placement sans équivalent, pour les épargnants occidentaux. En revendant avant même le premier coup de pioche, on était sûr d’empocher une substantielle plus-value. Jusqu’au krach de l’automne 2008. «Chacun alors s’est retourné, et il n’y avait plus personne.» Tout le monde a joué. Nakheel le premier, qui a vu trop grand, trop vite, gageant les terrains pour émettre d’énormes emprunts à court terme. Les entreprises de construction, au lieu d’acheter le ciment nécessaire aux travaux, ont préféré spéculer sur les matières premières. «A la fin, tout le monde est resté collé», résume le consultant.
Aujourd’hui, Nakheel se débat dans des litiges judiciaires sans fin, aux prises avec des propriétaires mécontents qui ne seront jamais livrés et veulent être remboursés plutôt que se voir proposer un bien au rabais. Mais Nakheel n’a pas de cash. Son défaut de paiement d’un emprunt obligataire islamique en décembre dernier a précipité Dubai World et tout l’émirat dans la crise. Une deuxième échéance est prévue en mai. D’ici là, les autorités ont promis de restructurer la holding, triant le bon grain (les activités portuaires et maritimes) de l’ivraie (l’immobilier). «What next ?» proclament les affiches publicitaires de Nakheel le long de l’autoroute qui mène à Abou Dhabi. Un grand ménage : déjà, le PDG Sultan ben Sulayem, ami de l’émir, a été débarqué."
Le second, issu d'un journal local, sur le merdier qu'est Dubaï, version silicone (pour la défense du pauvre chirurgien imposteur, les filles sont quand même pas très futfuttes... Se faire opérer sur la table de la cuisine, faut pas déconner, quand même...
http://www.thenational.ae/apps/pbcs.dll/article?AID=/20100409/NATIONAL/704089838/1138
"Women treated by Steven Moos, who is under arrest in Dubai accused of impersonating a respected plastic surgeon, spoke yesterday about the operations that left them disfigured.
One woman, who went to Mr Moos for a relatively simple procedure on her lips, said that “he just kept cutting”, leaving her face infected. Another said Mr Moos operated like he was “slicing meat”, and that she lost so much blood that she fainted.
Mr Moos was arrested in February after an undercover investigation by the Dubai Health Authority (DHA) and the police.
The DHA had been tipped off that Mr Moos was luring patients to his villa in Al Barsha by posing as the Washington DC-based surgeon Dr Steven Hopping, and performing surgery on his kitchen table.
Mr Moos was not licensed in the UAE and was struck off six years ago in the US, where he is wanted by the authorities.
Police say he used Dr Hopping’s name and described himself as a “licensed and experienced American specialist”.
The first woman, in her early 30s, claimed he used equipment that was not sterile, which has left her permanently disfigured and without feeling in her lips.
She met 40-year-old Mr Moos last August when she booked an appointment for him to remove lip fillers that had been put in by another surgeon four years earlier.
What should have been a relatively simple procedure turned into a nightmare, said the woman.
“It was horrible,” she said. “He just kept cutting. Overnight, everything became infected. He said it was because the fillers had been in for four years. I wasn’t sure what to believe. Again, he kept cutting, but it stayed infected.”
When the infection spread to her cheeks she tried to get emergency treatment at a private hospital, but it was not covered by her health insurance. Instead, she said Mr Moos gave her two months’ antibiotics.
The woman estimated that she had another nine procedures to try to correct the damage, each time paying between Dh1,500 (US$408) and Dh2,500.
Mr Moos even resorted to removing fat from her stomach to inject back into her lips in an attempt to even them out, she said.
Following the operations, the woman has struggled to keep her job and faces hefty bills trying to fix Mr Moos’s work.
“Of course, I went because he was cheaper but I didn’t know he wasn’t licensed,” she said. “People say ‘the women should know better’, but there are many clinics in villas here so that is not new. It is not our fault.
“I was so shocked when I found out who he was, he has destroyed me. Luckily, I found a doctor who has tried to help and I am also hoping to see the real Dr Steven Hopping when he comes here next month.”
The woman, who has lived in Dubai for eight years, has lodged an official complaint with the Public Prosecution.
“The CID were very helpful,” she said. “They have my file from the clinic and photographs as evidence so I am hopeful that I will have a case. The prosecution also seem hopeful. At first, I forgave him but after finding out everything he has done I do not feel sorry for him. He does not deserve a second chance.”
The second woman said she was left “hoping and praying” that she had did not have permanent internal damage after going under Mr Moos’s knife.
Cristina, 37, a mother-of-three, compared his surgical skills to those of a butcher, claiming he cut her breasts like he was “slicing meat”.
She found out about Mr Moos after seeing an advert on the Dubizzle website offering free trials of Botox.
She returned to have her eyelids done – “he said they were sagging” – as well as liposuction on two parts of her chin and both arms.
She then went on to have liposuction on two different parts of her chin and both arms.
Although she was still swollen from those procedures, she said Mr Moos convinced her it was part of the healing process and would subside in several months.
So, she made a third visit, this time for breast augmentation.
“He encouraged me to have a breast augmentation and I believed him again,” she said.
“He did the operations in his bedroom and sliced my breast like slicing meat. I thought ‘I will never make it’. I fainted due to loss of blood. He himself got scared and thought I was going to die.”
Cristina paid Dh16,000 for the operation she said after being told by Mr Moos that the fee would go up to Dh30,000 once he opened a clinic. She said he was a persistent and aggressive salesman.
Cristina said she had been left with “uneven-sized arms” and an uneven chin, as well as problems with her breast augmentation.
Because the treatment was sub-standard, she had lost all her self-confidence and no longer wanted to “mingle with people”, she said.
Financial constraints mean that she does not think she will be able to afford any corrective treatment.
Christina had some advice for others who may put a price on beauty.
“Don’t just grab the cheap offer, this might lead to a more expensive or dangerous situation later,” she said. “Here, everyone wants to be beautiful, but there are more important things in life. I have learnt this the hard way.”
The FBI said yesterday it had been informed of Mr Moos’s arrest.
A federal arrest warrant for Mr Moos was issued in the US in 2004, but he appears to have left the country shortly after and never went to court. He is wanted there on charges including possession and trafficking of drugs, crimes against life and health, and giving false statements.
“We have been notified that he is in custody,” said a spokeswoman for the FBI in Oregon.
“The FBI and US Attorney’s Office [federal prosecutors] look forward to a time when Mr Moos can face justice for the crimes with which he is charged here.”
It is understood that Mr Moos will stand trial in the UAE before facing any US charges."