Où sont les hommes?
Petite parenthèse avant mon artcile final sur Petra, pour clore sur mon séjour en Jordanie.
C'est le temps de la réflexion. Pas négative, rien de grave.
Juste dernièrement, beaucoup de conversations, avec les uns et les autres. Et je me pose des questions.
Je me pose des questions sur l'avenir de la femme européenne, en général, et de moi, en particulier. En ce moment, je suis au coeur du sujet. A plusieurs reprises depuis plus d'un an, nous essuyons mon ami philippin et moi des altercations sans fin à propos de nos attentes respectives. Pas des altercations typiques et courantes dans chaque couple, mais des incompréhensions fondamentales, parce que deux modes de fonctionnement complètement aux antipodes, basés sur des cultures, des éducations, des valeurs différentes (ce qui est bien évidemment source d'enrichissement sans fin, mais aussi casse-tête et parfois mur à 300 à l'heure en pleine gueule).
Les reproches qui me sont formulés et qui reviennet le plus souvent sont les suivants : les femmes philippines sont plus attentionnées (caring), plus "constantes" (consistent), et moins prise de tête (easy to be with). Entre autres choses. Mon indépendance, mon caractère trempé, mon autonomie, mes prises de risque, ma tête brûlée et fonceuse, mon esprit libre et libéré ne sont pas forcément les bienvenus.
Et ceci, de manière générale, pas forcément qu'avec lui. C'est un constat un peu désolant, après plusieurs tentatives de vie en couple, d'amour. Les hommes sont séduits, intrigués, fascinés par cette force de caractère, et puis au final, ils ne tiennent pas la route, et finissent toujours par en avoir peur ou par être dépassés.
Et la semaine dernière, rebelotte. Conversation avec un homme d'à peu près le même âge, autour de la trentaine, voyageant dans tous les pays d'Asie, et ayant eu des relations avec les Asiatiques (désolée de regrouper toutes les nationalités sous une même étiquette), et avec des femmes que je qualifierais d'occidentales (européeennes, américaines, australiennes, bref, blanches, et issus de pays relativement riches). Son constat était sans appel: pris de la « fièvre jaune », comme il l'appelait, il ne reviendrait pour rien au monde aux Européennes, car elles passent leur temps, je cite, "à se plaindre, à en demander trop, et sont pour la plupart infidèles, éternelles insatisfaites et indignes de confiance". Pas tout à fait tord, je lui accorde. Ce qui l'attire, à l'inverse, chez les Asiatiques (lui, comme cent autres que j'ai rencontrés), c'est leur douceur, leur gentillesse, leur facilité à vivre, et leur fidélité (en effet, comparer aux Françaises de plus en plus libérées, il y a un fossé). Sans compter leur physique : taille moyenne pour la plupart, minuscule ossature donc ligne fine et svelte, peau douce, beaux visages et cheveux noirs et raides comme des batons de réglisse, sans parler de leur caractéristiques physiques intimes (pour plus de détails, je fais payer 100 euros le cours de sexualité anatomique).
Pour simplifier, ou dire les choses autrement : de plus en plus, je rencontre des hommes qui sont attirés par ces femmes qu’ils disent simples et aimantes, et que je qualifie pour ma part de dociles et d’ennuyeuses. C’est comme un bond an arrière de 40 ans. Un savonneux retour à la femme soumise. Ils ne se cachent plus de vouloir une charmante épouse les attendant à la maison avec le dîner prêt. Moi, je crois rêver. A les entendre, la femme parfaite fermerait sa gueule, serait un peu sotte mais facile à vivre (donc, on s’accommoderait de sa discrétion), cuisinerait et niquerait un voire deux hommes dans sa vie, sans trop ramener sa gueule.
Si j’étais un homme, je serai séduit à mourir par une femme courageuse, sans peurs, osant braver son destin, une femme intelligente, autonome, indépendante, une femme forte et fragile, une femme pleine d’idéaux et de lutte, une femme, LA femme. Mais là, je doute de plus en plus. Et je me questionne : où sont les hommes qui ont le cran et le courage d’aimer une femme telle que moi ? Je ne suis pas facile à vivre, j’ai un sale caractère, bien trempé, je prends des risques, j’ai la bougeotte, je ne veux pas d’enfants, mais je mène ma vie avec passion et amour, sans jamais fermer ma gueule, me laisser marcher dessus, choisir la facilité, et attendre sagement le retour de mon homme avec un bon petit plat et un sourire asiatique.
(J'en profite à ce sujet, pour relater une petite expérience perso: je faisais du vélo, et j'ai doublé un bus, qui ramenait chez eux des ouvriers du bâtiment. L'un d'eux s'est penché par la fenêtre et m'a volontairement craché dessus. Mon sang n'a fait qu'un tour: j'ai sprinté le bus, me suis postée devant le chauffeur pour l'arrêter, ai fait stopper le bus et ai exigé que la personne m'ayant craché desses se dénonce et vienne me présenter ses excuses. Scène surréaliste, tous me regardaient bouche bée, c'était aussi osé que dangereux, mais je m'appelle LAurence Tissot, oui ou merde? Bref; le gras s'est avancé, tête baissée et s'est excusé. Je suis repartie sur mon vélo: non mais oh!)
Je commence à comprendre que peut-être, ce que moi je considère comme sexy et attirant, ils le considèrent comme dangereux et trop complexe. Et je commence à assumer le fait que je ferai peut-être ma route toute seule. C’est sûrement le prix à payer pour être comme je suis. D'où ma question : où sont les hommes ? Sûrement en Asie, comme le prouve le nombre sans cesse grandissant d’unions mixtes, entre un homme blanc pas forcément des plus beaux gosses, et une jolie et jeune asiatique présentable et docile, heureuse comme un poisson dans l’eau avec ce qu’elle a. Manque d’ambition, pour moi, mais comme d'autres me le rétorquent, satisfaction simpliste. Que Dieu bénisses les asiatiques. Moi, je suis maudite.